top of page

Le dernier projet de la Fondation Zinsou, le plus récent dans sa conception mais le plus ancien par son histoire, est celui du Jardin d’Essai, dont les 6 hectares rassemblent un ensemble végétal, patrimonial et artistique unique, qu’il est nécessaire de conserver, étudier et de rendre accessible. Il est un exemple unique d’archive végétale. Chaque plante de cet espace est porteuse d’une histoire qu’il convient d’explorer. 

Le Jardin d’Essai contient de très nombreuses espèces de plantes, qu’elles soient rares, en voie d’extinction ou utilisées quotidiennement dans le pays : plantes de savane, médicinales, colorantes… Plantes autochtones.  Les différentes introductions d’espèces venues de part et d’autre du monde au fil des siècles, ont également fait évoluer les manières de vivre, de se nourrir, de cuisiner, mais également le comportement de la faune. 

 

Le Jardin d’Essai est l’une des dernières traces du Dahomey Gap, un épisode de réchauffement climatique dont on retrouve ici quatre hectares de végétation de savane datant d’environs 4000 ans. Mais comment expliquer une végétation de savane dans un climat subtropical humide ?  A l’époque, l’Afrique de l’ouest a connu un épisode de réchauffement de la température des océans d’environ 2 degrés entraînant une sécheresse massive. La savane remplaça la forêt tropicale primaire sur l’ensemble de la côte ouest-africaine, de l’actuelle Guinée Conakry jusqu’au Congo. Plus tard, la température de l’océan revenant à la normale, l’humidité réapparut et la forêt se reconstitua partout, sauf sur la côte entre Lagos et Accra, où les espèces de savane proliférèrent et s’adaptèrent au climat ; c’est ce qui fut décrit comme le Dahomey Gap. 

 

Certaines plantes évoquent, par leur simple présence, l’Histoire. Prenons l’exemple des citronniers. Les agrumes ont été importés au XVIIème siècle par les navigateurs pour permettre à l’esclavage de perdurer. En effet, un grand nombre d’hommes et de femmes mouraient du scorbut lors des traversées transatlantiques sur les navires négriers. La vitamine C, seul remède connu contre cette maladie, devait être disponible en quantité, d’où le développement des plantations d’agrumes sur toute la « Côte d’Or ». Les navires se ravitaillaient en citrons et oranges dans tous les ports de chargement d’esclaves.

 

Au sein du Jardin d’Essai, nous avons retrouvé des vestiges tels que des poteries, tessons, qu’il est nécessaire de mettre au jour et d’étudier, tant ils sont des témoins insoupçonnés de l’Histoire. Des fouilles archéologiques seront programmées pour en savoir d’avantage prochainement.

 

Le Jardin d’Essai a également mis en place des essais de climatisation végétale créées à partir de voûtes de bambou, pouvant servir aux recherches scientifiques (domaines de l’architecture, de la thermodynamique et de l’écologie), tout en permettant d’accueillir le public de façon agréable avec des espaces récréatifs ombragés.

 

A partir de ce creuset unique de savoirs divers qu’est ce Jardin d’Essai, il est proposé régulièrement à des artistes en résidence d’y produire des œuvres. Les artistes Juliette Agnel, Ishola Akpo, Joël Andrianomearisoa, Jeremy Demester, Pauline Guerrier, Aïcha Snoussi, ont été inspirés par ce jardin et y ont créé des oeuvres en son sein, qui, pour certaines, sont exposées de manière permanente. Les sculptures évoquant le vodoun et les rois du Danxomé, de l’artiste Cyprien Tokoudagba, accompagnent également le visiteur tout au long de sa promenade. 

bottom of page