Au rythme de la rumba congolaise, du rock’n’roll et du twist, les personnages rencontrés dans l’exposition « Sape & Studio » posent fièrement. Ici, pas question de se laisser « saper » le moral : cette exposition invite au contraire à « s’enjailler » ! Un souffle de légèreté et de style dans un monde agité.
L’exposition explore deux univers photographiques, de générations et de pays différents : celui de la jeunesse de Bamako (au Mali) dans les années 1950-60, capturée en noir et blanc par le célèbre Malick Sidibé et les défilés contemporains très colorés de la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes (SAPE) de Brazzaville (au Congo), saisis par Baudouin Mouanda.
Malick Sidibé est très apprécié par la jeunesse, il est présent dans tous les bals poussières, en pleine effervescence, à l’aube de l’indépendance, dans tous les clubs où les jeunes découvrent les danses venues d'Europe et de Cuba, s'habillent à la mode et rivalisent de style. En 1962, il ouvre le « Studio Malick », lieu mythique de Bamako où l’on venait poser fièrement. Toute sa vie, il tire des portraits, mettant à disposition de ses modèles, de multiples accessoires qui révèlent l’identité de chacun. « Le studio était le lieu où chacun pouvait se faire voir, mesurer ses capacités dans la mode, l’habillement, les bijoux, ou les chaussures aussi ! On ne venait jamais triste au studio, on venait toujours propre ! Ce sont les "photos du bonheur" ! Je travaille dans la gaieté pour pouvoir faire briller les esprits dans mes portraits ! », indique l’artiste. Son Oeuvre recevra le Lion d’Or très convoité de la Biennale de Venise, en 2007.
C’est en 2008 que Baudouin Mouanda, lui, a rencontré, à Paris, puis à Brazzaville, les adeptes de la « Sapologie » : costumes sur mesure, couleurs vives, chaussures de grandes marques et accessoires excentriques, ces hommes, et quelques femmes, sacrifient tout au style. Ils s’affrontent dans les rues et les bars ou lors de la fête du 15 août, moment phare où ils paradent sous les regards admiratifs. C’est une compétition sans pitié où la tenue et l’apparence règnent en maîtres. Les codes comportementaux et vestimentaires inventés et réglementés par cette société de la SAPE, font partie du patrimoine culturel immatériel du Congo, tout comme la rumba, musique qui accompagne les sapeurs dans leurs défilés et dont l’artiste Papa Wemba était un des plus grands représentants.
